Lois sur le blasphème : Deux nouveaux chrétiens pakistanais libérés sous caution

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« Les lois sur le blasphème sont utilisées comme une arme pour cibler les minorités et régler les inimitiés personnelles, et il est temps que le gouvernement mette fin à cette tendance. »

Le 23 août, Salamat Mansha Masih, chrétien pakistanais, avait été libéré sous caution par la Cour suprême du Pakistan. L’un des juges s’est alors inquiété d’un « abus flagrant » de la loi sur le blasphème, dont nous vous avions fait part dans un article.

Le 24 août, deux autres chrétiens accusés de blasphème, Patras Masih et Raja Waris , ont également été libérés sous caution. Leurs avocats ont appelé à la fin de l’utilisation abusive des lois controversées sur le blasphème.

Le président de Minorities Alliance Pakistan, Akmal Bhatti, ne se satisfait pas de ces libérations sous caution. Il déclare à Morning Star News qu’il réclame « une législation contre les faux accusateurs ».

« Nous avons demandé à plusieurs reprises une législation contre les faux accusateurs, mais le gouvernement n’a pas tenu compte de nos demandes. Les lois sur le blasphème sont utilisées comme une arme pour cibler les minorités et régler les inimitiés personnelles, et il est temps que le gouvernement mette fin à cette tendance. »

Patras Masih était placé en détention depuis le mois de février 2018. Il n’avait que 18 ans quand il a été accusé de blasphème pour une photo qu’il aurait postée en 2018 sur Facebook jugée insultante envers Mahomet, la photo d’un pied marchant sur le dôme d’une mosquée.

Cette publication avait déchaîné de violentes manifestations de la part de partis islamistes. Des centaines de familles chrétiennes avaient dû fuir leurs maisons dans le quartier de Shahdara Town à Lahore. Patras a été libéré sous caution car le cas de blasphème sur la recommandation d’un conseil d’administration de Muttahida Ulema, éminents érudits islamiques. Il était représenté par deux avocats, dont Saif Ul Malook, qui avait défendu Asia Bibi.

Raja Waris avait été arrêté le 5 janvier 2021 et inculpé en vertu des lois sur le blasphème, suite à une publication sur Facebook du 22 décembre 2020. Il risquait jusqu’à 10 ans de prison pour des propos à l’encontre d’un « personnage saint ». « Le banc a admis mes arguments et a ordonné la libération de Raja Waris sous caution », explique Saif Ul Malook.

Pour le président de l’Église du Pakistan, Azad Marshall, « ces trois cautions ont une fois de plus montré à quel point les lois sur le blasphème sont utilisées à mauvais escient au Pakistan ».

« La police a fait une norme du fait de ne pas tenir compte des procédures prescrites lors de la formulation des accusations, et même les tribunaux de première instance ne tiennent pas compte des faits des affaires en raison de la pression des groupes religieux. Notre peuple languit en prison pendant des années jusqu’au moment où les tribunaux se rendent compte de l’erreur judiciaire et le libèrent. Ces actes inhumains doivent cesser maintenant et l’État doit agir pour dissuader les fausses accusations. »

Selon le Center for Social Justice, basé à Lahore, au moins 1 967 personnes ont été accusées en vertu des lois sur le blasphème entre 1987 et le 14 juillet 2022.

M.C.

Crédit image : Morning Star News / Patras Masih en 2018

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